Les uns fêtent le grand-pardon, d’autres font les comptes du pays, les uns sont à leurs disputes, d’autres récoltent là ou, ailleurs, épongent leurs maisons envahies par l’eau, chaque jour on perd quatre minutes, une comète doit passer ce soir, c’est un samedi d’octobre, comme les autres. J’ai entendu les chiens partir pour la chasse, nous attendons le passage des élagueurs.
Vie et lumière

La photo de titre, c’est l’ancienne voie de chemin de fer déferrée aujourd’hui, qui va de Figeac à Cahors. La nature ose tout envahir et fait sa beauté partout. En octobre, si les jours raccourcissent, la lumière souligne les reliefs. Tandis que des hommes s’évertuent dans d’autres régions du monde à perdre leur énergie dans des combats épouvantables, semant la mort imbécile, ici la paix se boit de façon si étonnante, évidente et décalée, qu’on la trouverait presque indécente.
Mais toute cette paix, cette vie, cette lumière n’est pas que refuge. Ces images disent la possibilité de la paix.

Quand j’étais petit, vers l’âge de huit ans, je voulais devenir « avocat pacifiste ». J’avais vu déjà, les images d’une guerre. Celle qui se prolonge aujourd’hui sous nos yeux effarés. Je n’étais ni pour les uns, ni pour les autres. Je ne faisais pas de géopolitique. Mais je ne comprenais pas petit garçon que l’on puisse vouloir se faire la guerre. Je ne l’accepte toujours pas. Ni angélisme, ni naïveté… la paix est le devoir absolu. Et le pardon réciproque, forcément, son chemin…
Les noix tombent toutes seules

Il faut attendre qu’elles tombent les noix. Cueillie trop tôt, la noix sera trop amère. Trop tard, les écureuils seront passés comme ils l’ont fait avec les noisettes, n’en laissant aucune sur l’arbre. Trouver le bon moment. Avoir l’œil quand elles tombent, c’est Pâques en automne.
Je ne peux jamais goûter une noix sans penser à la chanson de Charles Trenet, sans la fredonner un peu… et c’est juste un bijou de poésie…
L’ agenda
Dans l’innombrable liste des choses à faire avant l’hiver, je m’offre des récréations. Hier, je mesurais qu’encore aujourd’hui je ne me laisse que de très rares escales à ne rien faire. Ne vraiment rien faire. L’ennui est mon luxe.
Il faut pourtant de ces moments pour nourrir la créativité ou simplement prendre sa place dans le paysage.
Aux inquiétudes venues du monde, il n’est pas utile d’en ajouter. Les acouphènes à mes oreilles savent me rappeler à l’ordre.
L’emploi du temps en ce moment je le remplis, je m’amuse à le trahir. Sciemment. Je prévois une chose. Je peux changer d’avis, faire autrement, à un autre moment, selon mon intuition, mon envie, mon enthousiasme… Choisir plutôt que s’obliger même si parfois il faut se mettre en mouvement… Sortir le vélo du petit chalet, grimper dans l’auto jusqu’à la préfecture, prendre son téléphone et appeler… ou juste écouter la chanson de sa flemme et oser paresser au soleil une tasse de thé à la main…
Entre rituels et flow, j’égrène avec la même joie les jours de la semaine. Je me mets dans l’accent occitan et dans cet étonnement. Vivre est un voyage, ce qui compte n’est pas le terminus.
Y aura-t-il assez d’éclaircies pour voir la comète ce soir ? C’est quand même ça la vraie question.