L’été avec les premières chaleurs nous laissons les fenêtres ouvertes, nous allons dans les jardins. Est-ce que c’est un peu d’insouciance qui fait sa place ? J’aime entendre toutes ces rumeurs multiples qui viennent jusqu’à moi et me font penser à ces avions de papier que l’on reçoit par hasard sur les genoux au milieu d’une lecture ou lorsque nous tentons de méditer.
Un concert de rumeurs à toute heure
Hier, assis sur l’herbe, je tentais de méditer. C’est mon défi du moment. Trouver une heure, un lieu agréable, se rendre disponible… S’installer de la meilleure façon possible, résister à l’amitié de la chatte qui me frôle ou du chien qui voudrait jouer.
Je crois qu’il faudra méditer à l’intérieur. Bien que le lieu soit plutôt calme, je ne mesurais pas cette juxtaposition de chants d’oiseaux, de babils de bébés, d’insectes, de discussions, de portes où l’on sonne, de téléphones, de voitures qui passent sur la route et qui laissent même sentir l’humeur du conducteur.
Jeunes gens de la nuit
D’autres auraient sorti leur tromblon. Leurs rires, leurs exclamations, les portes qui claquent… une bonne quinzaine, tout cela en pleine nuit, inquiétant le chien, réveillant la maison.
On aurait dit qu’ils allaient tous débarquer ici avec leurs vingt-ans. Que des garçons passablement gris de boisson avec leurs voix passant du grave à l’aigu, leur bavardage, leurs chants, leurs cris. Réveillé oui, extirpé de mes rêves, mais j’ai pris leurs éclats de joie comme des morceaux de miroir pour me regarder dedans.
Peut-être ont-ils fini leurs études, vont-ils vers des chemins nouveaux ou voulaient-ils juste baigner dans leur amitié ? Le confinement les a tellement punis. Un peu ensommeillé, le chien qui n’avait pas l’envie de faire la police se montra indulgent.
Mon chien ne se fâche plus que lorsque passent devant la maison, une vieille aigrie et son cabot, permanentés tous les deux, sentant la naphtaline de loin et retroussant ensemble leurs babines roses sur des dents jaunies par le ressentiment et le colorant des bonbons.
Famille dans le jardin
Ou cette famille dans le jardin voisin. Plusieurs voix se mêlent, mais qui s’écoute dans cette conversation ? Ce qui est drôle c’est qu’une mélodie s’invente à plusieurs voix, qui enfle, monte, s’accélère puis redescend brutalement. On ne comprend rien. Ce n’est pas une discussion, ce sont les montagnes russes. L’enthousiasme roule tambour, les voix mélangées sans égaliseur grondent plus fort que des torrents dévalant la montagne au printemps. C’est un chant polyphonique contemporain . Berio es-tu là ?
Puis la crécelle d’un enfant. Ou la voix grinçante d’une vieille. Puis le silence. Puis ça reprend de façon inopinée. Presque brutale avant s’éteindre comme une flamme soufflée.
Tout cela le vent l’a pris et distribué aux quatre coins de la rue…
Les oiseaux
Eux ne sont pas en reste. Tout leur est dû ! Je ne les vois pas toujours. Lui sur la cheminée, cet autre rivé en haut du thuya. Si petit, si puissant, si vantard. Oiseau d’opéra ou d’opérette, c’est selon. Et ça se répond, ça envoie, ça gonfle le poitrail et te balance en pleine figure une joie décomplexée, une joie pure, une joie surdimensionnée d’oiseau qui n’a pas besoin de travailler l’estime de soi, qui ne doute pas de lui.
Et ça en rajoute dans les effets, la virtuosité, la puissance. On en a pour l’agent qu’on n’a pas donné. C’est gratuit les gars, merci !
Les acouphènes grésillent
Souvent, ils ne veulent pas être en reste. Preuve qu’il y a peut-être de quoi s’émouvoir un peu plus fort. Parfois, dans le silence, entre deux frissons de voitures ou le vrombissement d’un vieux camion au loin, ils viennent crisser. Saleté de parasites ! Cerveau vétuste.
Je n’ai donc pas assez dormi, je dois cesser le café et tout à l’heure, plus tard, nous descendrons vers l’océan avec le chien.
Les rumeurs du monde.
Tandis que les profondeurs de l’océan s’évertuent au silence dramatique, des radios bavardes énumèrent les conspirations, des mutineries. Se joue alors le mauvais film du brigand et du dictateur. Nous regardons incrédules ces aventuriers et des commentateurs qui ne savent rien font des hypothèses pris par leur propre roman.
Bruit sale des chars sur les routes défoncées. Des rumeurs de massacres qui ne seront élucidés que trop tard.
Entre joie et folie
Mais c’est cela l’été. Une soif. Des voix. Quelque chose d’énervé et de joyeux. Peut-être une histoire d’amour discrète un peu plus loin dans la pénombre.
Cette semaine, j’ai déposé huit articles sur le site… dont une chanson sur la joie justement. C’est un texte inventé il y a déjà un moment, j’avais avant une autre mélodie puis celle-là est venue s’imposer. Voix et guitare.
« C’est vous qui chantez ? « Merdouille, le voisin a entendu. Ma fenêtre ouverte m’a trahi. Je n’ai pas nié. Les gens sont toujours surpris, « ils n’imaginaient pas que… « . Ben voilà. Et en plus j’adore me gaver de fraises gariguette venues tout droit de Plougastel ma chère. C’est indigne.
Je sais, ça colle mal avec mon image austère et j’ai déjà un kilogramme à perdre.
Vous avez vu ? Les nouveautés ont leur page. Et puis j’ai encore bricolé l’accueil pour que les gens trouvent mieux le site et que mon référencement s’améliore grâce à vos moteurs de recherche préférés. Mais c’est silencieux un moteur de recherche… ça pollue en silence…
Bonne fin de semaine !
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