J’ai retrouvé ce poème donné dans RizHôme en 2014. Il a quelque chose que j’aime bien. Timoré. Parfois, il est agaçant de ne voir dans la poésie que du gentillet et du décoratif. Pourtant la poésie a aussi les pieds dans la boue, elle met même les mains dans la merde. Elle extirpe. Elle peut avoir l’haleine embrumée…
Timoré
L'homme dit Les racines de l'homme trempent dans la boue T'as peur T'as peur de quoi ? Faut pas faire des chansons avec le sang Ou bien Ta chanson a tué souvent la poésie Tu voudrais les arracher les pages sous l'écran Mais sous le verre numérique tes défauts sont bien conservés Tu la commences mal cette histoire ! La poésie n'est pas petit roman N'est pas chant N'est pas gentille N'est pas rime N'est même pas toi ! Même pas rythme Même pas scansion Même pas souffle Ils ont déjà tout essayé Qu'ils disent ! Tu cherches l’ascenseur Ce n'est pas une page blanche, c'est un écran vertical ! Des fenêtres, un ascenseur, un enregistrement automatique de tes pensées géolocalisées Alors la boue ! Il va falloir sortir pour la chercher avec tes pieds nus La boue glacée des crapauds et de l'herbe amère Il va bien falloir que tu soies un peu dégoûté pour commencer Parce que toute naissance nage dans le sang, la boue et la merdre Fais pas ton dégoûté, ta mijaurée ! Ton siècle en a vu d'autres ! T'as peur de quoi ? Tu restes en dessous de ton effroi TIMORÉ
Il y a un truc gênant tu sais, il n’y a pas de masculin pour mijaurée…
On dit : Femme, jeune fille aux manières affectées et ridicules.
Elle fait sa mijaurée (dictionnaire)
Pour un garçon on dira « affecté ». Mais on ne dit pas « fais pas ton affecté ».
La question du dégout reste posée. Y compris en poésie.