Les 6 suites pour violoncelle de Bach

Publié le Catégorisé comme admirations
partition prélude suite de Bach

J’allais parler de l’actualité du Monde, des inquiétudes, des violences, des questions, des prises de position…

Mais j’ai glissé dans le lecteur le cédérom des 6 suites pour violoncelle de J.S Bach. Et comme à chaque fois, le miracle opère.

Les 6 suites me disent

Je ne connais pas de musique qui me touche plus, m’apaise plus, élargisse l’espace et me donne le sentiment de me retrouver.

Ces suites forment un ensemble indissociable. Je les aime les six même si souvent je commence par écouter la quatrième. Elle est différente des autres, en mi-bémol majeur.

C’est à chaque fois le miracle. Une connexion directe entre la musique et mon cerveau.

Je ne connais pas de musique qui m’emplisse plus, me définisse mieux. Chaque nouvelle écoute est une redécouverte. La poésie des accords suggérés, la mystique, la danse et l’enfance s’y trouvent réunies.

C’est une musique où je me retrouve, me réconcilie, me reconstruis, me répare.

Elle est si moderne, si courageuse. Le violoncelle s’élance seul, il ose s’affirmer et conter, nous élever, nous alléger tout en jouant dans les graves. Simple ou complexe ? Il suggère, il n’enferme pas et pourtant il sait ce qu’il veut nous dire. C’est une musique de liberté qui dépasse l’Histoire humaine. C’est une musique qui contient toutes les musiques du Monde et le Chant des hommes. On y retrouve la grâce des danses, le chant… Je prétends que cette musique fait écho aussi bien à l’Orient lointain qu’au Jazz à venir.

Elle n’a pas peur de la solitude.

Elle sait l’enfant en nous et le vieillard. Le jardin et la rivière, l’ombre et la lumière, l’identité et le métissage.

Quand je mourrai, il n’y aura pas de cérémonie, de réunion et encore moins de prière ridicule. Mais si vous voulez tenter de savoir qui j’étais, écoutez-les ! Il n’y a rien de triste en elles. Si elles frôlent la tristesse, elles sont Joie !

Anna Magdalena et Paul Tortelier

Dix ans après leur composition, en 1730, Anna Magdalena, deuxième épouse de Bach en recopia la partition, dit-on avec quelques « bourdes » d’étourderie… Le doute restera, car l’original de la main de Bach fut perdu. Fragilité d’une œuvre. Nous sommes beaux à nous plaindre aujourd’hui avec nos machines, nos photocopieuses…

Il fallait oser composer pour le violoncelle seul. Bach en confiance à la cour du prince Léopold le pouvait.

Jean Sébastien Bach

Un prélude, suivi d’une allemande, d’une courante, d’une sarabande, de deux Galanteries ( une pièce « double » : menuet, bourrée ou gavotte),et d’une gigue structurent chacune de ces suites. Mais quelle liberté !

Si l’on en écoute diverses interprétations, chacun aura sa préférée. Il y eut même des adaptations plus ou moins heureuses à mon goût, passons…

L’ombre de Pablo Casals est là mais l’enregistrement que j’écoute est celui de Paul Tortelier.

Paul Tortelier

Il date de 1960 et fut remastérisé en 1987. On voit souvent des images de lui montrant un violoncelle placé presque à l’horizontale grâce à une sorte de pique qui je crois porte son nom.
Quel bonheur de pouvoir en 2023 écouter autant que je le veux, un enregistrement de 1960 d’une œuvre de 1720… Et si peut-être Bach serait étonné des interprétations d’aujourd’hui, je reste persuadé qu’il y a là une permanence qui nous dépasse.

Votre musique

Si ce ne sont pas les 6 suites, j’imagine que vous avez vous aussi, cette musique qui vous parle à chaque fois, qui vous emplit, vous élargit, vous répare et vous fonde. Encore une fois, ce n’est pas juste une musique « qui vous fait du bien » ou vous « console », mais une musique qui ouvre de nouveaux espaces, dont chaque nouvelle écoute vous enseigne un nouvel aspect de vous-même.

Le poète comme le musicien ont cette force : ils ne nous connaissent pas personnellement. Pourtant ils savent nous révéler à nous même. Ils ne se mettent pas en scène dans l’œuvre. Leur souffle est retenu, leur voix ne domine jamais les mots ou les notes qu’ils écrivent.

J’aurais certainement été intimidé, voire rebuté à l’idée de rencontrer Bach qui aurait pu me sembler bien sévère avec sa figure de père de la musique…

Je ne sais pas où se cache le Bach d’aujourd’hui.

Mais son œuvre ne cesse de se réinventer à chaque écoute et de me réinventer à chaque écoute.

Mieux que des vitamines, j’ai trouvé mon énergie pour la journée.

Et vous ? Quelle est « votre musique » ?

Par Vincent Breton

après avoir travaillé dans l'enseignement, je consacre une bonne part de mon temps à l'écriture. Je m''intéresse à l'idée de changer ma vie grâce à la poésie. J'écris un journal, de la fiction, de la poésie et des chansons.

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