Le courage est là.

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Soleilmatin

Le courage est là. Je parlerai du courage tout au long de la semaine. « Rodrigue as-tu du cœur ? «  demandait Don Diègue. Mais se venger n’est pas courageux. Et ce courage dont certains disent la fin, n’est pas l’apanage de quelques héros lesquels peuvent tomber de leur piédestal comme peut choir la soutane d’un abbé pervers… Celui d’être soi, de dire non, de ne pas être aimé, le courage est un risque qui trouve sa légitimité dans la justice. Il faut s’y mettre, il faut commencer. « Souhaitez-moi du courage ! » dit l’un… mais dire « Bon courage » à l’autre n’est souvent qu’une empathie de façade qui se déleste facilement de la solidarité. Le courage de se retrouver. Adelante !

Cœur battant

Le courage te met en action. Est-ce l’âme qui résiste ? Il faut y aller, plonger, entrer en scène, pousser la porte, se lancer, oser.

Parfois on veut y croire, on est déçu, brisé dans son élan… Le courage n’est pas raisonnable et si on l’empêche, il pourrait vite transformer le ressentiment en colère et devenir révolutionnaire !

Le courage est résistant et ne cède guère au conformisme.

Nous avons nos habitudes. Il faut nous lancer. D’autres habitudes reviennent. Le goût du confort.

C’est bon pour moi de faire du sport, mais je trouve l’excuse de la pluie ou du froid pour ne pas sortir du canapé.

Cynthia Fleury parle de la lassitude. On va de déception en déception. On connaît l’expérience du découragement. Nous perdons confiance.

Tu peux réussir !

La petite voix intérieure nous le dit, ça ne suffit pas toujours.

Les prêtres modernes que sont les coachs nous conçoivent, contre monnaie, des programmes avec des étapes, des résolutions, des pas à pas, des didacticiels, des mode d’emploi… mais les coachs ne flattent que notre nombril et n’osent pas parler de valeurs.

Le vrai courage n’est pas de se sauver soi seulement mais de le faire déjà en pensant aux autres. Le courage a besoin de faire société, de faire alliance, par exemple pour sauver la démocratie.

S’émanciper est une forme de courage.

Il est beaucoup plus facile de réprimer que de faire acte de courage ! Souvent le courageux va trouver devant lui un collabo, un intégriste pour réprimer ses aspirations à la liberté.

Ah, oui ! Le courage cherche la liberté ! Mais des fois ça fait peur, ça : être libre et le rester ? il faut du courage. Un sacré.

Réussir ? La société et l’avenir sombre ne nous encouragent guère. On nous donne des jeux pour encourager des autres sur le terrain bien circonscrit de l’espace sportif, mais on ne nous encourage pas vraiment à oser y aller librement. Tous jouer : jeunes ou vieux, handicapés ou valides, forts ou fragiles, filles, garçons et tout ce qui s’imagine…

Le joug de la compétition impose d’avance cette vision fermée d’un monde avec des perdants et des gagnants plus rares. Le vrai courage c’est de faire gagner tout le monde. « Il n’y a pas de mauvais élèves disais-je aux miens, il n’y a que des élèves qui peuvent faire des progrès ! »

Le courage ne peut s’exprimer au détriment d’autrui. Il lui faut une éthique solide.

La chance ne sourit pas aux audacieux

Il ne s’agit pas de se lancer dans la bataille sans discernement. Encore une fois, si tu agis par désir ou orgueil, alors audace et témérité ne sont que vanités. André Comte-Sponville rappelle que le courage doit être guidé par le sens de la justice ; il n’est estimable que lorsqu’il est accompagné d’altruisme.

La fougue ne suffit pas à faire éthique.

Il ne s’agit pas de s’agiter. D’ailleurs si tu t’affoles et agis en tous sens ton énergie sera perdue.

Je vois deux moteurs au courage :

La peur. Le danger, la catastrophe. Il faut sauver celui qui se noie… savoir le faire sans se noyer. Dépasser sa peur sans sombrer dans la folie.

L’injustice qui est au final la privation d’être libre ou d’être soi. C’est une peur aussi, mais plus sourde. Si je n’agis pas, je vais sombrer à petit feu. C’est le courage de celle et celui qui doit se libérer d’une addiction.

La peur peut engager parfois à se réfugier dans le pire : autolyse à petit feu ou plus radicale. Il n’y a pas de courage dans le suicide. Il y a du désespoir, de la souffrance et cette souffrance a pris le dessus. Le suicide est la forme ultime du désarroi, de la solitude.

Ombre

Prendre son courage à deux mains

Il faut se lancer. C’est une chose. Mais il va falloir poursuivre, persévérer. Sans se détruire. Il faudra de l’équilibre, accepter les échecs, les erreurs, savoir se tromper.

Le courage est un apprentissage.

Le courage est aussi une passion qui se nourrit d’une forme de révélation, d’expansion de soi. Pour être courageux, il faut être à ce que l’on fait, être acteur de sa propre vie.

Le courage se construit sur la confiance mais je dois aussi savoir ce que je souhaite.

Le pompier devant le feu peut agir et ajuster son action s’il sait qu’il a deux personnes à sauver. Ce sera plus difficile s’il ne sait pas combien de personnes sont à sauver, sans vision…

Ce garçon qui fait du « parcours » et saute partout dans la ville, prépare en réalité ses sauts les plus risqués et s’est entraîné pour passer un mur, il a appris à estimer sa force et ses capacités, il les entretient et sa confiance est raisonnable, réfléchie mais résolue. Quand il saute, il pense exactement à ce qu’il fait et oublie tout de ses propres problèmes.

On se donne le courage d’une « mission » si celle-ci est atteignable, si on est capable de s’en donner une définition.

Certes, c’est en croyant se rendre aux Indes que l’on est arrivé en Amérique… ça c’était un problème de connaissances, mais de fait, les « explorateurs » avaient un but.

Oser prendre des risques

Lorsqu’à 17 ans j’ai préféré passer le concours de l’école normale d’instituteurs, je me suis montré « très sérieux ». Je voulais gagner ma vie. Je n’ai pas eu le courage de suivre la proposition d’un directeur de troupe de théâtre qui me proposait de travailler avec lui, de me former. Je n’étais pas prêt. J’ai tracé un chemin « raisonnable » même si assez vite je suis sorti des sentiers battus mais je n’ai pas eu le courage d’y aller. Sûrement par manque de confiance, pour assurer mes arrières et parce que je n’étais pas soutenu.

Plus tard, j’ai réussi un autre concours, ma motivation tenait surtout dans l’envie d’élargir mon expérience, même si j’ai pu mener pas mal de belles choses, ce fut au prix de frustrations, de renoncements à être moi-même. Mais j’ai appris beaucoup.

Aujourd’hui, mon projet est de pouvoir agir en étant « moi-même », c’est à dire, agir de façon éthique, en conformité avec mes valeurs en tentant de créer des « objets » contribuant au bien collectif…

Aussi je vois le courage comme une illustration concrète et quotidienne de ce que je décline par exemple lorsque je parle d’une journée réussie.

Une journée réussie

Quand est-ce que je suis courageux ? Quand j’accepte d’apprendre pour trouver assez d’assurance ou de confiance afin d’agir positivement pour autrui.

Le courage est un mouvement où j’accepte parce que je me sens assez confiant à l’avance la nécessité de savoir persévérer, de résister, pour avancer vers un objectif où il s’agit de prendre soin d’autrui.

Le courage n’ignore pas la peur ou le découragement, il n’est pas un progrès linéaire. Il n’a pas besoin de récompense ni de punition s’il n’est pas présent.

Il existe encore des bulletins scolaires avec des « encouragements ». Ils sont souvent démotivants car ils ne mesurent pas le chemin parcouru, ce qui a manqué de confiance pour surmonter un obstacle… Les encouragements ne donnent pas les clés. Dire à un alcoolique d’être courageux est une injonction contre productive.

Il est facile de décourager, de disqualifier…

Il est aussi une autre forme d’asservissement dans le principe de précaution lequel utilisé avec outrance est un tueur d’initiative et de courage.

Le courage des oiseaux

Dominique A chantait ça il y a longtemps : « Si seulement nous avions le courage des oiseaux qui chantent dans le vent glacé » (Dominique A)

Mais est-ce vraiment du courage ? Une ténacité instinctive.

Galou le chien qui malgré son arthrose veut aller marcher dans le chemin qu’il aime tant, a le courage de surmonter sa douleur pour « y aller », ne rien louper de la vie et des senteurs qu’il aime…

Galou 1

Peut-être sont-ils du côté du courage de la vie, du « tenir bon »…

« Vivre difficile, mais aimer la vie, oui ! » me confiait ma mère hémiplégique et aphasique juste avant d’aller mourir à l’hôpital. Courage ultime après 7 ans d’enfer d’affronter sa propre fin sans nous laisser seuls avec nos craintes.

La vie n’a pas de sens. C’est nous qui donnons du sens à nos vies !

Vincent Breton

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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