Je fais parler les cartes

Publié le Catégorisé comme changer de vie
Route

J’aime changer de point de vue. J’ai déjà parlé de la question des repères que l’on construit mentalement, notamment lorsqu’on arrive dans un nouveau lieu. Les croyances dont nous sommes tous faits affectent nos représentations… Je fais parler les cartes. Depuis toujours. Ce que j’apprécie, c’est ce moment où par leur découverte, leur lecture partagée ou non, l’échange, la confrontation ou l’expérience, j’apprends à regarder autrement grâce aux cartes…

Je te croyais plus à l’Est !

C’était la cousine au téléphone. Elle pensait que j’étais plus proche du Sud-Est où elle vit que je ne le suis en réalité. Sa perception changeait au fil de l’échange et des cartes envoyées…

me situer sur la carte

C’est vrai que la géographie mériterait un enseignement plus conséquent… Mais au delà de la question des connaissances, c’est vraiment une affaire de représentations...

Quand j’obtins par le passé une mutation pour la Bretagne, une inspectrice générale croyait que c’était pour me rapprocher de ma famille. Raccourci suggéré par mon patronyme… Si celui qui porte le nom d’une région, peut y avoir des origines, en général il est nommé ainsi car il s’est expatrié. Par commodité on l’a appelé breton, normand ou le breton ou le normand… Être quelque part, ce n’est pas juste être posé dans l’espace. C’est être « par rapport à « … Bien sûr certains posent des limites étroites à cet espace. Le local rassure. Mais l’homme a l’âme voyageuse.

Rêver avec les cartes

J’adore les cartes, celles que l’on consulte en ligne, les différentes représentations tracées au fil de l’histoire ou au fur et à mesure du développement des connaissances. Les représentations ont évidemment changé.

Petit, je passais des heures à dessiner de fausses cartes de pays que j’inventais totalement, souvent des îles, y plaçant des montagnes, des villes… y traçant des routes, des voies de chemin de fer. Il y avait la capitale, des villages, des côtes rocheuses, des plaines et des fleuves… Je pouvais passer des heures à ce jeu et c’est d’ailleurs une activité très formatrice que les enfants adorent. On rêve, on fait parler les cartes…

Lorsque je dispose d’une carte routière, je suis attiré par l’examen minutieux de ce qu’elle raconte mais également troublé par la limite, « le morceau qui manque »…

Mon grand-père le géologue sortait volontiers ses cartes et sa boussole. Même pour une courte randonnée. Il aimait confronter le dessin des courbes de niveau au réel. Il possédait un grand nombre de cartes, dont certaines en très grand format mural qu’il glissait derrière sa bibliothèque…

Gamin, j’avais trouvé dans le grenier d’une vieille maison familiale, de grandes cartes que l’on déployait sur le sol avec François mon ami d’enfance. Allongés à plat ventre, nous restions des heures à nous inventer des voyages, franchir des frontières, rêver au nom des pays ou des villes… J’aimais ce merveilleux moment d’amitié où l’on pouvait rêver à deux…

Renverser la carte

observer la carte d'une autre position

Il suffit de retourner la carte, de la faire pivoter un peu pour voir les choses autrement. Me voici de cette Occitanie tournée vers le Sud, sous l’influence conjointe de la mer et de l’Océan. Regarder la carte ainsi, c’est mieux comprendre même les autres pays comme l’architecture régionale…

Le cerveau doit s’agiter. Les synapses s’allument et frétillent. De nouvelles images mentales s’élaborent, des questions surgissent, des souvenirs reviennent…

C’est tout cela que portent les cartes. Une carte, c’est souvent plusieurs romans en elle.

Vincent Breton

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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