Quand j’étais petit ? C’était tout un monde, raconté en poèmes au long de la semaine avec des textes offerts aux enfants. Aujourd’hui, évocation d’un rituel que j’avais le matin, à l’insu de tous, descendant au jardin, j’allais du côté des pivoines et là…
Pivoines
Depuis petit je me suis levé tôt
Le matin, toujours sans un mot
Debout, il n’était pas cinq heures,
Avant le chant des oiseaux
Avant le réveil de ma sœur
Hors du lit descendu, discret fantôme
Sans chaussons glissant sur le linoléum
Dans sa chambre, j’observais
Ma mère, les yeux fermés
M’assurant qu’elle dormait
Ne pas faire grincer les marches de l’escalier !
Traverser le vestibule, sans réveiller le chien
Surtout éviter de le faire aboyer
Si tu veux venir au jardin, viens !
Alors j’ouvrais la porte sur le jardin muet
M'en allais de la sorte tel un lutin discret,
L’aurore au ciel dessinait ses volutes
Là, si le chien jappait, je lui disais : chut !
Et j’allais résolu tout au fond du jardin,
Où m’attendaient dans l’ombre ainsi chaque matin
Comme un chœur d’opéra qui attend le signal
Les énormes pivoines phénoménales
J’en choisissais une, rouge, lourde de rosée
Et j’y plongeais la tête, mon visage tout entier
Je me lavais de joie dans les pétales sucrés
Et je me relevais, les joues toutes mouillées
Depuis petit je me suis levé tôt
Jamais n’aurais manqué cette cérémonie
Pivoines, parfois coquelicot
Avant que ne chante la vie
Avant, pour lui dire merci !