Je vous l’ai dit l’autre jour. Tant que j’aimerai apprendre encore, c’est que je ne serai pas mort. Mais parfois, je voudrais mieux apprendre. C’est à dire me libérer de certains réflexes de l’autodidacte ou du bricoleur qui tente de résoudre des problèmes engoncé parfois dans ses propres visions et incapable de prendre assez de recul.
La peur de la sénilité ?
Parfois je me dis qu’autrefois, il y a peu encore, j’apprenais plus vite. Le risque est de se disqualifier inutilement. Et puis les gens ne vous font pas de cadeaux et ont vite fait de vous ranger au rayon des incompétents, des dépassés… Et vous voilà au rebut.
Ce n’est souvent qu’une question d’entraînement, de mise à jour… ou de résistance.
Et de champs de savoir…
De façon étonnante, j’ai à présent des « remontées » non pas gastriques, mais de choses apprises il y a parfois bien longtemps… Bribes de textes, poésies, lectures… culture historique, que sais-je ? Des tas de choses. Mon cerveau ressemble parfois à un cabinet de curiosités peut-être parce qu’il est moins chargé d’urgences à traiter…
Est-ce que je saurais encore faire ce que je savais faire avant ? Est-ce que je saurais me débrouiller en situation professionnelle ? Il me manquerait sûrement quelques éléments de langage ! De temps à autre, regardant des documents ou tombant sur des vidéos, des bouts de conférence, je regarde tout ça en me demandant comment je faisais pour tout mener à bien… ce sont ces rares moments où je m’épate… mais ça c’était avant !
J’aurais trop peur de devenir un mal comprenant, ne plus pouvoir retenir, apprendre, comprendre des choses nouvelles. Devenir gâteux et niais. Je guette parfois avec inquiétude les fautes, les lacunes, les erreurs. Je me reprends vertement.
Plus encore, j’aurais peur de ne même plus être capable de comprendre le présent ou de m’y situer. Puissé-je avoir assez de prescience pour anticiper ce moment là et débrancher à temps !
Je n’ai pas peur de mourir, mais j’ai peur de ne plus pouvoir apprendre et comprendre de choses nouvelles… C’est pour cette raison que chaque jour, je veux apprendre au moins une chose nouvelle…
Le numérique implacable
Le numérique par exemple lorsqu’on produit comme ici un site Internet, ce sont des choses que l’on donne à voir, mais il y a dessous ce code qui non seulement doit se comprendre j’allais dire « ligne à ligne » mais aussi pour les interactions que diverses instructions peuvent avoir entre elles, se bloquant ou créant un effet inattendu. Même si c’est aujourd’hui assez simplifié, il faut de la méthode, protéger son expérimentation, identifier les variables et surtout savoir qu’à trop vouloir la perfection, on peut renverser le château de cartes ou tout bloquer.
À ce jeu d’interactions « techniques » s’ajoute le côté psychologique. Beaucoup de personnes paniquent encore aujourd’hui face au numérique, parfois le plus simple. Moi je m’énerve contre moi-même si je ne trouve pas la solution. Ce qui est assez idiot..
Ça m’a permis a contrario souvent d’être un « sauveur » pour pas cher, quand certains paniquaient pour des détails faciles à résoudre..
Une fois de plus aujourd’hui j’ai appris en expérimentant, non seulement ce qu’il y a dans le ventre d’une base de données, mais qu’un certain nombre de variables d’apparence minimes, liées aux environnements peuvent avoir un impact terrible du fait de leurs interactions…
C’est d’ailleurs ce que nous devrions mieux comprendre lorsque nous agissons par exemple sur l’environnement tout court, un écosystème…
C’est à dire qu’il n’est pas suffisant d’isoler une notion pour comprendre. Il faut contextualiser, « la faire vivre » dans son système… Exactement comme apprendre des listes de mots ne vous permettrait pas de maîtriser une nouvelle langue étrangère… Sans syntaxe, ça va coincer…
Les dimensions de l’apprentissage
Il y a celles et ceux qui pensent encore qu’il suffit d’un entonnoir ou de pointer des étapes dans un ordre donné. Les neurosciences – souvent mal digérées – ont fait croire à beaucoup que ce n’était qu’affaire de techniques au risque de désincarner le fait qu’apprendre (surtout si l’on veut que ce soit pour comprendre) suppose de mieux percevoir qu’il s’agit aussi d’une relation. On apprend comme on est et il faut comprendre les facilitateurs, ce qui bloque, ne pas se leurrer… apprendre c’est se transformer…
On croit savoir ou avoir compris, on n’a fait quelquefois que conforter un préjugé.
Et je mesurais aujourd’hui grâce à plusieurs échanges avec des « experts » que j’apprenais toujours mieux par l’échange, la possibilité de questionner, d’essayer…
Quelquefois j’avoue être noyé mais j’aime construire un vrai dialogue avec les experts, quitte parfois d’ailleurs à pointer un truc auquel ils n’avaient pas pensé ou repérer une question nouvelle alors qu’on pensait avoir résolu le problème…
Être autodidacte m’a permis de passer examens et concours. Il a fallu que je me dépatouille le plus souvent avec des livres, avec l’Internet… Mais les méthodes empiriques sont parfois encombrantes et j’ai fréquemment pris des chemins détournés et longs pour des résultats qui n’étaient pas forcément parfaits… Il faut ce balancement entre le fait de se coltiner seul des choses à apprendre, celui de pouvoir en échanger avec des pairs qui pataugent peut-être aussi et des « experts » non pas là tant pour « vous dire » que vous accompagner dans votre mutation avec quelques bonnes questions….
Aujourd’hui j’ai pris aussi au vol une conférence qui évoquait la façon de gérer ses prises de notes et de faire le lien entre elles…
J’ai pas fini d’apprendre
Il y a encore deux trois objets précis d’apprentissages que j’aimerais savoir me coltiner mieux… Je les ai en tête. Je veux le faire avec résolution sans me tourmenter. Je me suis toujours moqué des certifications officielles.
Mais je ne veux pas apprendre pour apprendre, mais pour mieux comprendre et mieux me comprendre…