Il y avait ce président qui dit-on apprenait un poème par jour. Légende ou réalité ? Je me dis que je n’entraîne pas assez ma mémoire…
Mais, pensant aux articles de cette rubrique, je me disais que je devrais retrouver ce rituel simple que je me suis accordé à différents moments de ma vie : lire un poème par jour (parfois plus bien sûr…).
Pourquoi lire un poème par jour ?
Parmi les promesses que je me suis faites, il y a celle de pratiquer régulièrement la méditation. Je ne suis pas encore au point avec celle là : problème du moment, des « distracteurs » humains ou animaux notamment… mais je n’oublie pas l’idée.
Sans que cela constitue une pratique de méditation, la lecture quotidienne d’un poème peut cependant constituer un rituel d’apaisement, d’ouverture, de respiration…
Il s’agit de se rendre disponible au texte. Pour ma part, je préfère éviter toute mise en scène. Les poèmes sont rarement bien dits ou en tout cas, dès lors qu’on ne cherche pas à voir un « spectacle poétique » mais que l’on veut aller à la rencontre d’un texte, il faut éviter à mes yeux tout intermédiaire…
Parmi les intérêts que je vois
- s’accorder un moment à soi
- se centrer
- trouver un moment d’apaisement
- se nourrir d’images
- donner une « couleur » à sa journée…
- s’enrichir et s’élargir « culturellement »
- …
Quels textes choisir ?
Quand j’étais lycéen, je fréquentais assidument le centre de documentation et d’information du lycée : sa bibliothèque de poésie était riche et fournie. Autant que possible, avant de me mettre au travail, mener la recherche du jour ou la lecture demandée par un professeur, je m’accordais un petit détour et laissais ma curiosité me guider.
Ouvrir au hasard un recueil d’Éluard et se laisser porter…
J’ai souvent fait la même chose dans d’autres bibliothèques ou simplement en visitant des librairies.
Il est vrai qu’aujourd’hui les rayons de poésie des librairies, souvent reclus dans un recoin, sont peu fournis…
Parmi les livres que j’aime acheter, les recueils de poésie ont souvent des formats ou des mises en page originaux… On peut même en trouver des pas très chers…
Certains ont conservé là un vieux cahier d’écolier, ailleurs une anthologie, un recueil ou florilège de textes, même une vieille série de Lagarde et Michard… La poésie peut se relire.
Internet propose des sites plus ou moins intéressants : je note au passage que certains sites ne respectent pas le droit d’auteur. On pourrait se sentir flatté quand on écrit d’être repris, mais en réalité quand on ne se retrouve pas dans la politique éditoriale d’un site (qui en plus fait de la publicité), il est assez déplaisant d’y retrouver ses propres textes sans même avoir été informé !
Certains sites annoncent la promesse de proposer « un poème par jour »… Mais parfois il ne sont plus alimentés depuis des années… Alors je dirais que bien sûr, il y a des pépites à lire en ligne… mais pas toujours simple de les trouver : là aussi, il faudra que je partage avec vous ceux que j’apprécie… mais c’est subjectif et évolutif par nature…
Je dirais que c’est à chacune et chacun de se constituer un petit fonds de poésie qui après tout peut rouler entre amis… Il y a peu de revues aujourd’hui qui font de la place à la poésie…
Même si je propose des textes en ligne, j’aurais tendance, pour ce moment ritualisé, à préférer la « lecture papier »… Peut-être à la manière d’un inventaire à la Prévert pourrais-je partager avec vous non pas les textes mais leurs références… à voir.
Entre humeur, hasard et curiosité
La trouvaille de poèmes relève peut-être de la sérendipité. Selon ses goûts propres, on reviendra vers le poème connu ou alors ce sera l’envie de se laisser aller à la découverte…
Poème d’hier ou d’aujourd’hui, forme longue ou courte… il y a de quoi faire …mais c’est vrai qu’il faut anticiper un peu…
Le lieu et le moment
J’aurais tendance à accorder de l’importance au moment choisi pour ritualiser cette lecture.
Certains préfèreront le soir au retour de leurs activités, mais je crois préférer cette lecture le matin, avant que ne bruisse la maison, avant de me lancer, avant de laisser entrer les nouvelles du monde…
Parfois, j’aime lire debout. Le texte descend en nous alors avec une force réelle. Mais en tout cas, il faut être seul. En un lieu calme, que l’on aime… dedans ou dehors…
Une fois le texte lu, s’accorder quelques secondes, une minute ce serait bien, un temps de transition entre la lecture et la reprise des activités.
Lire ou dire
Il m’arrive m’emparant d’un texte de ne surtout pas vouloir le dire mais le laisser à mes yeux. Certains textes, très graphiques, ne tirent aucun bénéfice d’être lus à voix haute.
D’autres donnent l’envie d’être murmurés ou dits plus forts. Peut-être comme une invitation à y revenir dans la journée.
Il en va de même de certains textes qui donnent envie de les chanter ou d’en chanter d’autres.
Alors, je glisse vers le piano. Mais ce sera souvent pour un autre temps de la journée…
C’est pour soi
Je peux partager ce que j’ai lu, dire que j’aime un texte ou un poète… Pourtant, je m’éviterais le compte-rendu et plus encore le commentaire. Si jamais ma curiosité était éveillée, ce serait à voir dans un autre cadre.
J’ai toujours trouvé très intrusives les démarches d’enseignants ou de de certains parents (j’ai connu une dame qui demandait des fiches de lecture à ses propres enfants) qui consistent à vouloir savoir si l’enfant a lu et ce qu’il a lu… pire encore ce qu’il en aurait compris. Transformer ce moment en devoir de vacances ! Non !
Je lisais librement petit des textes que je ne comprenais pas forcément. Ils m’ont pourtant enseigné mieux que personne…
Ce que chacun lit, surtout en matière de poésie, relève pour moi de la sphère intime… Je me méfie des « clubs de poésie » qui risquent d’être surtout des clubs de conformisme…
Je sais bien qu’il y a des « cafés poésie »… pourquoi pas si un auteur veut tenter d’y présenter son œuvre, mais j’ai rarement été convaincu.
Un jour j’avais envoyé des textes à Colette Magny. Elle avait craint un instant que je ne lui demande de les chanter mais avait bien dit qu’elle ne donnait pas son avis…
Ça commence aujourd’hui !
Voilà, je dois vous laisser, car maintenant que j’ai évoqué ce rituel, je viens de me communiquer l’envie de commencer…
Et vous, lire un poème par jour, est-ce une pratique que vous vivez déjà ou aimeriez engager ?