Un mail est arrivé tout à l’heure. Bref mais cinglant. On n’a pas le droit de reprendre une communication privée. Mais voilà. En gros, « honte à moi de faire la promotion d’une série de littérature de jeunesse et d’un auteur réactionnaires ». Petit, j’avais donc de mauvaises lectures !
Tout ça pourquoi ? Parce que la nouvelle crue de la semaine « Agent secret » évoque « sans la critiquer » la série « Langelot ».
Le méchant Lieutenant X
X c’est ce que va devenir Twitter… mais rien à voir.
Dans les années soixante, la série de romans d’espionnages pour jeunes qui parait à l’époque dans la Bibliothèque Verte (Hachette) et qui a pour titre Langelot est publiée sous le pseudonyme de Lieutenant X.
Gamin, j’étais persuadé que c’était un vrai Lieutenant des services secrets qui écrivait ça… ça donnait plus de mystère aux aventures de Langelot le jeune « sous-lieutenant aux traits menus mais durs« .
Aucun adulte ne savait qui se cachait là…
Ce n’est que bien plus tard, dans les années 80, j’enseignais déjà, qu’on a su que ce Lieutenant X était en réalité Vladimir Volkoff. Je vous renvoie à sa page Wikipédia si vous ne le connaissiez pas.
La série a été republiée cette fois aux éditions du Triomphe dont l’éditeur se présente comme un défenseur des vraies valeurs humaines [et] familiales .
Faut-il se justifier ?
Ma propre nouvelle n’est pas destinée aux enfants. Elle ne fait pas l’apologie de la série mais montre seulement que gamins, ces romans inspiraient nos jeux.
Les romans sont probablement datés. Ils faisaient écho à la mode des romans d’espionnage pour adultes. Ma mère en lisait pas mal tout comme des polars souvent machistes, elle la « féministe »…
J’étais tombé sur les « Langelot » à la librairie. Ce n’était pas de la grande littérature, je lisais ça très vite pour me détendre et m’amuser… Ce n’était pas si mal écrit, c’était drôle… et impulsait des jeux avec les copains…
D’aucuns avec les lunettes actuelles, peuvent reprocher les poncifs portés par la série… mais d’une part, elle avait pour l’époque un ton « moderne » et surtout à l’instar des Tintin écrits dans d’autres contextes reflétait justement la période des « trente glorieuses »…
Il y avait l’autorité, on manipulait des armes, des sous entendus géopolitiques, mais le jeune héros avait ce petit côté impertinent… On faisait de l’humour, des calembours… « Un auvergnat se mouche mais une mouche ne s’auvergne pas… » Ça n’était pas fin, mais on s’amusait.
A priori, « malgré » cette lecture, je ne suis devenu ni raciste, ni machiste, ni « militariste » ou « viriliste »… Je crois même que je lui trouvais un air assez « minet » à ce Langelot avec sa petite mèche de blondinet…
La nouvelle « Agent secret » qui n’est pas pour les enfants ne fait pas l’apologie du bouquin mais montre plutôt comment il servait de support au jeu pour aider à la résilience d’un môme qui vivait par ailleurs des choses assez dures…
Des réactions parlantes
Sur un réseau social, il y a eu simplement une réaction plus amusée que critique… Je n’ai reçu qu’un courriel. Ce n’est donc pas une avalanche de réactions négatives…
Il n’empêche, cette promptitude à vouloir imposer une vision réductrice des choses me surprend, me navre un rien…
Si on perçoit les bonnes intentions, il va falloir tout de même se calmer avec cette volonté de censurer peu ou prou ce qu’un auteur de fiction aurait ou non le droit d’écrire ou de citer…
La « mise à l’index » c’était plutôt du côté réactionnaire catholique qu’on la connaissait. La tradition perdure.
Il en vient une autre qui sous couvert de vouloir nous protéger du mal va devenir pénible… et alimenter d’ailleurs aisément les arguties des réactionnaires.
Ce qui me frappe, c’est que l’on soit choqué de l’évocation de cette série et pas du tout de ce que le narrateur de la nouvelle a vécu d’épouvantable à l’âge de 9 ans. Ça passe crème ! Certains m’ont même dit trouver charmants ces souvenirs d’enfance !
Arghhhh ….