L’Église a beaucoup à se reprocher qui dépasse la question de croire. L’élection du Pape elle-même, reste un archaïsme hérité d’une vision patriarcale. Ces réserves faites, le premier discours de Léon souhaitant une paix désarmée et désarmante est bienvenu dans un monde où beaucoup s’activent à entretenir et développer des guerres pour éviter d’avoir à lutter contre les injustices.
Le Pape , combien de divisions ?
La formule prêtée à Staline a souvent fait sourire. Les missionnaires ont autrefois accompagné les armées de colons avec toutes les dérives que l’on sait. Difficile d’estimer l’influence réelle d’un Pape sur ses ouailles et encore plus sur les gouvernants, les peuples et la marche du Monde. Si Trump fait mine de se réjouir de l’élection d’un pape né à Chicago, il n’est pas certain que cela favorise la complicité entre les deux hommes et adoucisse la posture et les actes de l’autocrate.
Il y a tant eu et il persiste tant de guerres de religions, que l’on peut vite douter…
Sous prétexte d’anticiper les dangers qui existent, beaucoup investissent dans la préparation de la guerre s’enfermant dans le cynisme de la formule, “si tu veux la paix, prépare la guerre“.
Ce ne sont pas les peuples qui se font la guerre, mais les gouvernants qui les excitent à cela pour mieux les asservir. L’ennui, c’est que les peuples n’ont pas conscience qu’ils pourraient “par le bas”, imposer la paix à ceux “d’en haut” et un autre traitement des problèmes du monde.
Une parole poétique
J’ai bien aimé entendre :
Que la paix soit avec vous!
C’est la paix du Christ ressuscité, une paix désarmée et une paix désarmante, humble et persévérante…
Aidez-vous aussi les uns les autres à construire des ponts, par le dialogue, par la rencontre, tous unis pour être un seul peuple toujours dans la paix
Je ne crois pas en la vie éternelle et encore moins que l’on ressuscite, mais je prends le reste. Je le prends comme une “belle convergence des luttes”.
Petit garçon, parce que j’avais vu à la télévision des images terribles au moment de la guerre des Six-jours, je m’étais promis dans ma naïveté de devenir “avocat pacifiste”. Où avais-je pu trouver cette formule ? À l’école, je détestais voir les copains se battre. Contrairement à ce que les gens pensent, les cours d’école, les rues et les terrains de jeux de l’enfance, n’avaient rien de calme. Parfois je m’en sortais grâce au verbe. Et déjà, le sel de l’amitié me permit de forger des alliances avec les plus doux. Au collège, dans la compagnie des filles, je trouvais cette tranquillité qui permettait de se parler. Plus tard, je fus exempté de porter l’uniforme ce qui me valut soulagement et mépris des “vrais hommes”. Le besoin de Paix est ancré à l’intime en moi. Je ne me connais pas d’ennemi que je voudrais terrasser…
Les livres d’Histoire font la part trop belle à ces sanguinaires en nous les présentant comme des héros. Tu parles de modèles ! Ces chefs de guerre, ces types sans foi ni loi qui se sont battus pour devenir roi ou empereur… Le goût du pouvoir mène à la guerre. Cette réitération de logiques folles qui relèvent du suicide collectif, reste pour moi le plus déconcertant chez l’homme. C’est pour moi un mystère plus grand encore que de vouloir savoir s’il y aurait un Dieu ou pas…
Je ne comprendrai jamais cette énergie perdue à vouloir nous détruire alors qu’il y aurait bien mieux à faire en travaillant à créer, construire, bâtir des ponts, nous sauver collectivement… L’aventure humaine est déjà assez compliquée…
Humilité et persévérance
Le courage ne tient pas dans la bravoure au combat, mais dans la capacité à tracer son chemin avec résolution pour l’éviter sans s’asservir ni asservir. Un seul peuple : le peuple humain.
Disciple de St Augustin, Léon inclut logiquement le réel dans sa vision du monde et ne remet pas le progrès à la promesse du Paradis. Ce pragmatisme encourage.
“Il vaut mieux suivre le bon chemin en boitant que le mauvais d’un pas ferme.”

La première question c’est la Paix, la deuxième question c’est la Justice, la troisième question c’est la vie
Il n’y aura pas de Paix sans Justice, pas de Justice sans l’ambition permanente de préserver la vie, dans ses équilibres. La dignité reconnue pour chacune et chacun, cette exigence pour nous, chacune, chacun et en direction des autres.
Seul le pouvoir mérite d’être moqué. Les puissants dont le Pape lui même… Je crains aussi que les logiques d’appareil, le recours aux traditions ne verrouillent trop vite l’espoir de voir un véritable discours pacifiste se diffuser.
Le pacifisme est hautement révolutionnaire. Il impose une éthique, une auto-régulation permanente : apprendre à bâtir des ponts, aller à la découverte d’autrui, se dépasser, s’ouvrir… Quand les incertitudes incitent à s’enfermer chez soi et bâtir des murs, ça devient hautement compliqué.
Souvent, il faut commencer par abaisser les murs et barrières que nous avons construits en nous à force de ressentiment et de peur.