Mardi rêve – poème

Publié le Catégorisé comme poèmes à écouter
Le Lot regarde vers l'Aveyron

« Mardi rêve » est un poème à lire ou écouter. Chaque jour de la semaine, un nouveau texte vous est proposé en texte et en audio, avec sa tonalité, sa mise en voix à chaque fois différente. Il se dit que cela s’écoute mieux au calme, un casque sur les oreilles, en laissant venir à soi les images sans chercher à décrypter une quelconque biographie dont les références ne pourraient que vous échapper. Bonne découverte !

L’audio !

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Le texte

Enfant, j’étais cette cadence
Puis les petits objets dévoreurs de temps prirent le dessus

Mes ennemis croupissent dans l’ombre
La question n’est pas là,

Mon amour s’est évanoui sur le quai de la gare
Ils ont déferré les rails, les traverses s’entassent
Ce ne sont que des ellipses, de faux souvenirs que je ravive

Le matin, la rivière nous tient par le licol de sa brume
La brume, ce sont les noyés qui parlent

Les chevreuils ne boivent rien de l’eau glacée

Dans le champ d’à côté, lorsque le cheval s’ébroue
Il envoie lui aussi, de la brume par les naseaux
Il a perdu son cavalier

Tu te tourmentes pour rien,
Toi, mon fils d’eau douce
Je protégerai tes vingts ans de ma parole droite
Tu trouveras le café amer

Autrefois, j’avais cette force, cette persuasion
Mais j’ai appris qu’on pouvait marcher immobile

Ce qu’ils disent à la radio n’a plus aucune espèce d’importance
Le monde n’est plus qu’affaire de circonstances

Il faut que tu saches que je t’aime mon garçon
Il y aura toujours pour toi, un café
Un carré de chocolat
Un biscuit au beurre
De la ficelle
Une auto miniature
Un conte

Je t’aime considérablement
Sur tout ce qui te manqua
Sur tes plongeons, ton élan
Tes amitiés gazouillantes
Ce tremblement dans ta voix

Enfant, j’étais cette cadence
On me trouvait tôt le matin
Débusquant l’oiseau mangeur de têtards
J’avais déjà des goûts bizarres
Ma mère coupait les tartines dans le sens de la longueur
Confiture de framboises sur du beurre,

Tu ris déjà, mon fils aux gencives roses et aux dents blanches
Tu as sur tes vingts ans gardé tes boucles de l’enfance
Mais de la force dans tes hanches

Je voudrais te bercer à l’infini

Mais il faut que tu te rendes à cette affaire
Où les gens t’attendent pour signer des contrats
Tu tentes de prendre sur toi, de rester sérieux
Tu signeras

N’aie pas peur de ces gens ridicules, de leurs sermons,
Ils ont l’administration, leurs registres matricules,
Mais rien de tes rêves, rien de ta respiration

Surtout, non, ne t’inquiète pas
Tu peux y aller
Je suis là

Le chien m’attend, tu vois ?

Galou 1
Vincent Breton

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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