tu improvises au ventre mol de l'été versatile un vêtement électrique colle à ta peau nonobstant tu dirais snob ostentatoire la vie te flagelle bien les bas flancs histoire de donner à ton visage ce creux délicieux histoire de mouiller tes yeux de chien avant l'excuse finale rien ne progresse, ce petit peuple renâcle à se révolter dans l'écurie le vieux cheval piaffe d'impatience le front est froid tout se fatigue autrefois, quand j'avais douze ans, à peine nubile encor je savais d'un geste léger faire voler des cerfs volants sur l'herbe du jardin aujourd'hui les saccades du vent m'immolent dans le ridicule des pierres j'ai vieilli c'est cela, et vieillir rend immodeste et inconscient du vertige qu'il y a toujours plus délicieux à se pencher sur le précipice notoire de la vie nonobstant nous rions nous ne nous claquemurons pas nous saluons bas les politiciens et faisons quelque risette aux enfants avant de saigner dans le bas fond du lit dans le ventre noir et ensanglanté du lit où sèche le placenta de notre enfance celle là que nous avons trahie avec constance nonobstant sommes devenus adultes au bord du vide nous sommes restés debout devant le cadavre de nos parents nous n'avons pas vomi nous avons fait bonne figure et puis, au seuil de notre vie, nous avons mimé la joie comme on creuse un rictus imbécile
[in “Rue des pommiers” – juin 2012]