Dans nos quartiers d’été l’orage est venu secouer la maison. Le ciel nous rend modeste et son orchestre déploie à chaque fois sa symphonie formidable. Petits, pour contrer la peur, surtout quand l’électricité sautait, ma mère nous invitait dans sa chambre et l’on se racontait des histoires à propos des nuages en guerre et à chaque fois nous chantions, peut-être pour nous donner courage. Et depuis, tel un batracien que l’averse ravive, pas un orage sans chanson ! Voici un texte et une chanson.
Orage – le texte
L’orage nous a déshabillés
Mon orgueil est enseveli
Les mouches molles de l’été
Se collent à mes rêves maudits
Il faudrait lors, que j’appareille
La voile déployée du sampan
Vers quelque monde où s’émerveille
L’amitié de mon goéland
Je ne laisse pas mes pensées,
Toutes les eaux ne savent laver
Les souvenirs désabusés
D’une enfance réinventée
Dans ce pays de zizanie
Où règnent les conformistes
Tirer seul le fil de sa vie
Subversif, devient l’altruiste
J’ai dans la peau mes dix-sept ans
Le jour où je devins trop sage
Je me suis noyé dans mon sang
Cogné aux plus sombres présages
Mon amour est seul dans sa chambre
Il a mis juillet en décembre
Et les cyclopes numériques
Lancent des jets électriques
Tu ne comprends rien à la chose
L’orage a dévasté les roses
Il faudrait que je sois sérieux
Que je vous fasse mes adieux
Tombée du ciel en avanie
La grêle lapida la prairie
A cinq ans le petit garçon
Léchait avide les grêlons
Tout fond, tout passe et lasse
C’est ton petit cœur qui dépasse
Je veux tes yeux sur ma poitrine
Tes effluves par mes narines
Sur la rive de ta confidence
Tu seras mon ami d’errance
Nous hisserons la voile ensemble
Puisque nos esprits s’assemblent
Je nous veux libres et singuliers
Et sans drapeau pour nous lier
Que l’ivresse de notre amitié
Des billets doux sur le papier
Ta main, ton désir, la foudre
L’orage, la rage, qu’absoudre ?
Laisse ton rire me dissoudre
C’est notre joie qu’il faut émoudre
À la meule infinie de l’averse
Rien ne résiste, tout se transperce
Saurais-je t’aimer en juillet ?
Pour la rime, lancer un œillet ?
Tu dors encore je le pressens
Ce n’était qu’un bref coup de vent
Et je prépare le café,
Encore un beau matin d’été
Un matin, tout simplement...
à écouter
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