Il faudrait que j’engage un secrétaire, un archiviste qui serait capable de trier tous les textes et les enregistrements. Entre les versions numériques et les versions papier malgré le tri fait l’été dernier, j’ai du mal de temps en temps à m’y retrouver. Mais je suis tombé sur la version papier de Oiseaux, je vous la donne ici en texte et en chanson.
La chanson
Le texte
Oiseaux mes beaux oiseaux qui connaissez la mer
Vous qui à ma fenêtre pour de courtes escales
Venez lisser vos ailes à ma vie verticale
Quêter des miettes sur le rebord de pierre
Puis si ma main s'espère à vous familière
Vous échappez déjà vers quelque fondrière
Où le mat d'une barque qui va quitter la terre
Et vous tracez au ciel la ligne singulière
D'un projet mystérieux et mon regard se perd
À tenter de vous suivre, ivres vers ces navires
Et plus libres que tout car au dessus des flots
Vous narguez aussi bien le solide matelot
Sans boussole, ni sextant, votre aile vous délivre
Et vous allez plus loin, vous n'êtes plus qu'unpoint
Vers une ile lointaine, en la riche Amérique
Ou bien vers les Antilles, où sont les jolies filles
Et nous restons debout, mâchonnant notre chique
Mimant à notre porte avoir l'âme tranquille
Mais hommes c'est bien nous, ici serrant nos poings
Rivés à la terre, rivés au port dans ces remugles
Saluant des marins buvant droit l'air salé
Algues et poissons morts sur la table allongés
Nous resterons au port et dans nos vestibules
Nous boirons ce qu'il faut, claquant nos mandibules
Et je suis bien ici prisonnier sur la terre
Mes chaînes sont plus pesantes que celles du bagnard
J'ai pour vague remède quelques chansons bizarres
Et la mélancolie de l'homme qui espère
Qui espère et qui sait que l'oiseau le dépasse
Qu'il soit fauvette, goéland rapace
Cormoran sombre, garzette, mouette rieuse
Sterne, héron, aigrette, pie chamailleuse
Balbuzard, courlis, gravelots tout passe
Et nous restons collés à la glaise au rocher
La tête dans le ciel, ne pouvant que rêver
Attendant le retour des oiseaux migrateurs
Mais muets resteront, ces secrets voyageurs
Et leur destin sublime souligne notre cœur.