Attiré par les poires A largué les amarres Et franchi la barrière Cheval, gourmand De fière allure La belle allure fière ! L'effronté tout riant Riant dans l'herbe folle Agite sa crinière Ainsi la liberté Est une gourmandise Les autres sont restés Crainte ou timidité Et la poire promise A fondu dans la bouche De l'évadé joyeux... Las, le propriétaire Étalant sa colère A râlé dans les champs, Signifiant à la bête Que de la liberté était finie le temps Cheval puni, cheval meurtri Il faut courber la tête Et tes amis contrits Mâchonnent silencieux la morose herbe verte Un peu honteux, un peu amers, Tête basse, cœur à l'envers Et toi cheval, gourmand en vérité A quoi donc penses-tu puisque tu as goûté A la poire, à la juteuse liberté ? A la poire, à la seule liberté.
[in “Rue des pommiers” – septembre 2011]