Apprendre encore !

Publié le Catégorisé comme changer de vie
Apprendre
« Use Pyle's Pearline - learning » / CC0 1.0

Tant que j’aimerai apprendre encore, c’est que je ne serai pas mort. Pour vivre heureux, j’ai besoin chaque jour de pouvoir apprendre quelque chose de neuf, même un petit quelque chose. Non pas pour emmagasiner le maximum de connaissances avant la fin, mais pour mieux comprendre ou plutôt mieux me relier au réel et à cette merveille de petits et grands secrets qu’il recèle. Là, le sel savoureux de l’intelligence nous aide à retrouver l’espoir. Le désespéré, je le crains, ne croit plus à l’intelligence comme ressource individuelle et collective.

Résolution de problème ou surprise

Pour apprendre quelque chose de neuf je dois être confronté à la nécessité de résoudre un problème ou me trouver « déplacé » dans cet ailleurs de la découverte.

Il faut accepter d’être déplacé. Le voyageur apprend de la rencontre. C’est pareil, c’est pas pareil, on peut donc « faire autrement »… On voit comment certaines personnes ont simplement du mal à accepter une forme d’art qui ne répond pas à leur conception esthétique…

Les réactionnaires et les conformistes refusent d’être déstabilisés. Ils veulent un savoir délimité, immuable, intangible. Ils disent 1 + 1 = 2 et n’imaginent pas autre chose… Einstein leur donne encore de l’urticaire.

Ils ont eu beaucoup de difficulté à admettre que la terre n’était pas plate… Et combien aujourd’hui la voient encore comme un ballon régulier fixé sur un axe vertical au centre de l’Univers et tournant sur un tempo immuable ?

Mais nous sommes souvent conformistes malgré nous. Certaines connaissances ont terriblement évolué ces dernières années… Un exemple parlant est celui de la représentation du vivant.

Le déplacement du voyageur, peut se faire en rencontrant la connaissance. La pédagogie crée souvent des « situations problèmes » pour motiver l’élève…

Des clés pour explorer

L’exploration mérite des aides au décryptage. Je peux admirer un paysage avec l’œil du touriste collectionneur de cartes postales, ou le déchiffrer à l’aune de connaissances géologiques, historiques, sociales… Je peux admirer les murets de pierre qui en de longs kilomètres sillonnent le causse, ou commencer à vouloir savoir pourquoi ils sont là, depuis combien de temps…

Le rôle de l’enseignant est d’aider à ce « déplacement » des représentations et si celui qui apprend ne peut pas refaire tout le chemin, il peut comprendre bien des choses en observant des régularités plutôt que des exceptions(celles de la langue par exemple), il peut essayer sans risque de se blesser et choisir entre les aléas de la méthode empirique et une stratégie plus efficace ce qui lui permettra de surmonter plus tard, non plus les seuls problèmes de la salle de classe, mais ceux de la vraie vie.

Les savoureux secrets du savoir.

Lever les secrets du savoureux savoir est un bonheur. Je ne connais pas d’enfant dont la curiosité soit totalement éteinte…

Aujourd’hui encore j’apprends d’explorations volontaires ou de surprises. La sérendipité suppose la capacité de se rendre disponible à la surprise. Je cherchais « ça » et je découvre un inattendu… Il faut que je vérifie si dans des conditions identiques cette « vérité » se confirme et ce qu’elle ouvre…

J’apprends de démarches volontaires : je veux découvrir telle langue, comprendre tel phénomène, d’où vient ce mot…

Ce matin, je devais résoudre un problème numérique. J’en avais besoin pour parvenir à un but. C’était une nécessité à résoudre si je voulais avancer et ne pas renoncer à un projet.

Questionner, comprendre, chercher des outils, essayer…

Mais pourquoi ça ne marche pas ?

Souvent, le problème est un obstacle, un caillou sur lequel on bute. Si je concède qu’un humain ne se plie pas à ma volonté -encore heureux- j’accepte moins qu’une machine (au sens large) me résiste.

Il y a problème, un truc qui coince… Je râle.

Oui, je peux commencer par pester contre elle , ou son fabricant… Mais en l’occurrence, une analyse honnête me montrera vite que le problème tient plus dans les effets d’interactions que dans une défaillance initiale. Ou bien un souci au montage… peut-être même cela vient de ma propre action (ou inaction). Une vision systémique alors peut s’avérer utile et plus pertinente qu’une approche étapiste.

Pour parler clair, dans un site internet WordPress où j’utilise des extensions (ou plugins) afin d’enrichir ses fonctionnalités, chaque extension prise à part peut très bien fonctionner… mais les interactions entre elles, à des degrés divers, peuvent engendrer des difficultés. Un peu comme les effets secondaires de cocktails médicamenteux. Il faut identifier les variables, manipuler, bricoler… Possible ? Pas possible ? Mais pourquoi.. ?

Dans certains cas, il sera nécessaire d’affiner pour rechercher une solution. Et me voilà en quête de savoirs. Il faut les trouver, authentifier et dater les connaissances, les contextualiser… Fake ou pas ? Pertinent ou pas ?

Si je veux réparer, il me faut des outils pour m’assurer que j’ai bien compris le souci.

Trouver le bon outil, le fabriquer si besoin…

Autodidacte, j’apprends souvent par des méthodes empiriques. Elles sont coûteuses et parfois surprennent les « experts ». Je dois accepter de renoncer à certaines de mes approches pour découvrir qu’il y a un meilleur outil, une autre stratégie…

Déstabilisé, je peux avoir peur d’essayer.

Bidouiller du code informatique sans veiller partout à la sauvegarde, peut faire capoter un site internet en moins de deux avec des conséquences parfois plus graves que ce que l’on voulait améliorer ou résoudre comme difficulté. La science doit réfléchir aux conséquences…

Il faut toutefois oser essayer. S’approprier une méthode inconnue ou une approche qui peut même remettre en question la représentation que j’avais de la difficulté.

Il faut un peu de méthode : si l’ordre n’est qu’apparence et sera provisoire, je dois pouvoir ranger mes idées, m’approcher très près de la difficulté, mais savoir prendre du recul.

L’outil, à l’aune de mon expérience, je peux l’inventer mais je peux (dois) accepter d’apprendre de l’autre. Je regarde faire, j’essaie à mon tour, je refais… Je change d’approche et là soudain tout s’éclaire… ou il faudra creuser, reprendre autrement… et Youpi !

On apprend sur soi autant que sur la nouvelle connaissance

Lorsque j’apprends une chose nouvelle, je peux mesurer le chemin parcouru entre l’idée que j’avais du problème, la façon de le résoudre et tous les attendus qui l’accompagnent…

Parfois je n’ai pris que des bribes. J’applique une méthode comme une pièce de puzzle unique qu’on vous a donnée pour la placer au bon endroit.

C’est la méthode du détrompage des pièces des fabricants de meubles à monter ou de celles d’instituteurs induisant « la bonne réponse »... C’est la technique des exercices du Bled. On « fait », « ça marche » mais on n’a pas forcément compris pourquoi. C’est la part réflexe de l’apprentissage. qui risque de ne pas le fixer ni de permettre les transferts…

Puis, si j’ose, il faudra démonter plus loin, plus avant pour mieux comprendre comment les choses s’emboîtent et leurs interactions entre elles…

Au passage, cela me fait penser à tous ces « coachs » ou ces « experts » qui ne sont pas si partageurs de la connaissance que ça… Ils n’aiment pas toujours que vous sachiez vous débrouiller sans eux. Ils aiment bien vous laisser dans une part de brouillard. C’est le principe de cette foultitude de tutos qui vous montrent plus ou moins comment faire mais évoquent peu les vraies causes d’un problème… ainsi vous restez dans la « dépendance »…

J’apprends aussi sur mon propre cerveau. C’est à dire comment parce que j’étais agacé ou perturbé émotionnellement, je refusais parfois de penser autrement, de me mettre en cause pour mieux comprendre la difficulté. Pas toujours aisé de lutter contre les préjugés que l’on entretient soi-même contre soi…

Sans compter les habitudes, les mauvais automatismes… À ce carrefour où je me suis trompé un jour, j’ai tendance à refaire le mauvais choix initial alors que je pressens que ce n’est pas la bonne direction…

Il faut avoir de la bienveillance avec soi-même. Éviter de se surestimer est une chose, éviter l’auto-disqualification en est une autre…

La récompense du cerveau donne envie d’apprendre encore

Si j’ai réussi même provisoirement à résoudre le problème, je pense que mon cerveau doit me balancer une bonne dose de dopamine.

mon cerveau ce matin

C’est pourquoi il est bien de donner aux jeunes enfants des occasions de résoudre de premiers problèmes et de réussir même une petite marche pour avoir envie d’escalader la deuxième ou de s’attaquer à la suite…

Je sais ça. Un peu. J’ai envie d’en savoir plus long, d’essayer autre chose… Bien sûr le risque en voulant « faire mieux » ou plus c’est de devoir rebrousser chemin… Car la première étape, la première image doit juste me rendre disponible à la prochaine remise en question…

Mais, sans fierté particulière, je constate avec bonheur, malgré l’âge qui augmente et la souplesse qui diminuent, la possibilité toujours présente d’avancer vers de nouvelles connaissances… vers cet enrichissement (gratuit), intime et valorisant, ce petit bonheur…

Apprendre, apprendre encore ! C’est drôlement plaisant et chouette !

Vincent Breton

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *